Goldorak U

Actarus, jeune prince de la lointaine planète Euphor, s'écrase sur Terre à bord d'une mystérieuse machine. Amnésique, il est recueilli par Alcor, de la fondation Kabuto, pilote du prodigieux robot Mazinger Z, qui le soigne et s'occupe de lui avec son amie Sayaka...
Peu à peu, des bribes de souvenirs reviennent à Actarus et lorsque les forces extraterrestres de Véga attaquent la Terre, la mémoire lui revient enfin : Il a du fuir sa planète à bord de Goldorak, le dieu protecteur d'Euphor, après que Véga et ses troupes aient tenté de s'emparer du robot géant pendant son absence. Réalisant que son vieil ami, Sargas Sogrady, a trahi et tué ses parents, le roi et la reine d'Euphor, Actarus est entré dans une rage incontrôlable, laissant Goldorak tout détruire sur sa route, et laissant la propre fiancée du prince, Végalia, par ailleurs fille du chef suprême de Véga, pour morte.

Désormais considéré comme un terrien à part entière, Actarus va devoir protéger sa planète d'adoption contre Véga qui ne pense qu'à s'emparer de Goldorak pour conquérir l'univers entier. Il va découvrir que Végalia est vivante, mais qu'il est aussi poursuivi par la soeur de cette dernière, Teronna, persuadée qu'il n'est qu'un traître meurtrier... Pourchassé par ses ennemis, menacé par Sargas et sa perfidie, Actarus va pouvoir compter sur Alcor et son Mazinger dans sa lutte, mais aussi sur l'aide mystérieuse de la jeune Elsia, gardienne de trois puissants appareils de combat ayant un lien étroit avec Goldorak...

Si beaucoup d'oeuvres japonaises, cultes en France, ont connu au fil des ans des remakes, des suites ou de nouvelles histoires, cédant aux sirènes de la nostalgie, il paraissait étonnant que la série à l'origine de l'avènement de la Japanimation en France (elle est célèbre aussi en Italie par exemple), Goldorak, ne bénéficie pas un jour d'une cure de jouvence à son tour, avec un regard moderne.
Pourtant, ce n'était pas gagné d'avance. Il ne faut pas oublier que "UFO Robo Grendizer" n'a jamais été un personnage incontournable au pays du soleil levant, souvent écarté des relectures constantes et autres reboots dessinés depuis des lustres par Go Nagai, son créateur, lesquels mettaient plutôt en valeur Mazinger Z, Cutey Honey ou Devilman, bien plus cultes chez les japonais.
Il aura fallu un procès fleuve étalé sur de nombreuses années, bloquant la série animée d'origine (époque pendant laquelle les nostalgiques ne cessaient de réclamer une sortie vidéo !), une parution DVD non autorisée chez nous qui affola Internet en 2005, le succès des rééditions Blu Ray officielles chez AB et de nouvelles rediffusions TV pour que Dynamic Planning réalise, peut-être, que l'aura de Goldorak avait quelque chose de très particulier chez nous.

En coproduction avec des fonds en provenance de l'Arabie Saoudite (Manga Production), et après une première tentative de retour sous forme de manga avec "Grendizer Giga", c'est finalement en 2024 que le fabuleux robot des temps nouveaux bénéficie d'un véritable remake, baptisé Grendizer U (U pour, semble-t-il, "Universe")...
13 épisodes sont mis en chantier, avec un chara design moderne, sous la houlette de Yoshiyuki Sadamoto. Si, forcément, les personnages pourraient désormais évoluer dans un épisode d'Evangelion sans y dénoter graphiquement, il faut reconnaitre qu'ils sont tous parfaitement identifiables. Les costumes et codes couleur sont quasi les mêmes qu'autrefois, et ce sont les visages qui ont été parfois un peu rajeunis ou modifiés. Au final, seul le Professeur Procyon sera méconnaissable par rapport à son homologue des années 70. Les vaisseaux aussi sont assez différents, tout comme certains Golgoths, qui évoquent vraiment les Anges d'Evangelion...

En revanche, si l'histoire est globalement calquée sur celle d'origine, il y a suffisamment de modifications pour garantir la surprise et le suspense. Actarus est amnésique en début de série et se rappelle au fur et à mesure que dans cette mouture, c'est lui qui est à l'origine, indirectement, de la destruction d'Euphor. Goldorak lui même, peut entrer dans une sorte de rage incontrôlable, le dotant d'une personnalité propre (comme les EVA d'Evangelion, une référence de plus !) et le rendant parfois plus humain encore que dans la vieille série. Les poses qu'il prend, dynamiques et rapides, modernisent encore davantage le robot, lui faisant perdre en rigidité.
Toutefois, si ces nouveautés étaient intéressantes, le rythme des épisodes sur une courte saison, ne permet pas de prendre son temps et développer l'histoire. En terme de rapidité, c'est positif, on va vraiment à l'essentiel. Mais du coup, les scénarios et les rapports entre les personnages, qui faisaient le sel de la vieille série, sont ici un peu expédiés et hâtifs.
Alcor tire son épingle du jeu et les rôles sont inversés. Contrairement à sa version de 1975, il est moins tête brûlée, et s'inscrit comme un mentor protecteur pour Actarus. Il est bien mis en avant qu'il fut avant l'arrivée de Grendizer, le défenseur de la Terre avec Mazinger Z, ce qui avait quasi été occulté dans la série d'origine. D'ailleurs, son entourage de l'époque apparait bien ici, avec Sayaka notamment.
Comme autrefois, la série s'inspire globalement du dessin animé La Guerre des soucoupes volantes et fait intervenir, au centre du conflit, l'amour d'enfance d'Actarus, Végalia... Chose amusante, les deux "versions" connues de la jeune femme apparaissent ici, sous forme de deux soeurs ! Toutefois, la version "blonde" qui intervenait dans le film pilote s'appelle ici Végalia (et non plus Teronna) et c'est sa soeur, aux cheveux rouges, qui s'appelle Teronna alors que son design évoque clairement la Rubina/Végalia de l'animé d'origine... Il eut été plus logique d'inverser les noms et les rôles pour coller au design retenu pour ces personnages...
Plusieurs surprises sont à relever dans le camp des héros. La présence de Mazinger aux côtés de Goldorak, dans sa lutte contre Véga, mais aussi (et surtout ?) l'absence totale de la famille Makiba (le ranch du bouleau blanc). Ce ne sera donc pas Vénusia qui pilotera le Venusiak, mais un tout nouveau personnage, dont les origines sont mal développées ou comprises, qui assurera avec Sayaka et Phénicia, la formation de la patrouille des aigles.
A ce titre, les trois véhicules add-on de Goldorak prennent ici un côté plus mystique et biblique et ne sont plus du tout des créations des terriens.

L'empire de Vega n'est pas en reste. Les commandants apparaissent tous ici. Horos rejoint même la bataille alors qu'Hydargos est toujours vivant et il est accompagné d'Astrida , qui dans la vieille série prenait l'apparence de la mère d'Actarus... Hydargos reste sadique, Minos s'installe comme le grand leader, toujours avec Minas logée dans sa tête, mais force est de reconnaitre objectivement qu'il leur manque quelque chose de charismatique par rapport à la vieille série, où ils étaient absolument inoubliables dans leur perfidie et leur éloquence. En tous cas, visuellement, on sent vraiment un immense empire galactique lorsqu'on nous montre l'étendue de leur flotte, bien plus qu'autrefois...
C'est en fait le personnage de Sogrady, qui existait déjà en 1975 mais qui n'a ici plus rien à voir avec son modèle, le véritable grand ennemi d'Actarus. Responsable de la mort de ses parents, il tente de s'emparer pour son compte de Goldorak et sera au centre des épisodes.

Très rythmée et agréable à suivre, la série fera de nombreux clins d'oeil à son ancêtre : Certains plans et scénarios sont revisités (Aphélie) et on revoit d'anciens golgoths bien connus.
En parlant de rythme, la série semble d'ailleurs bel et bien finir puisque les chefs de Véga trouvent tous la mort dans la bataille finale, homérique, qui voit se déchaîner Goldorak. Mais ces éliminations ne rendent pas vraiment hommage aux épisodes d'origine, tous cultes, dans lesquels ces méchants mourraient en vociférant leur haine d'Actarus de façon inoubliable... Et en parlant de choses mémorables, les adaptateurs français du doublage ont d'ailleurs été aux petits soins puisque tous les noms des personnages et attaques d'origine ont été ici réintroduits, ce qui ne manquera pas de faire plaisir aux nostalgiques de la VF de Michel Gatineau !
Néanmoins, il se pourrait qu'une suite voit le jour puisque le Grand Statéguerre, absent physiquement, mais évoqué dans la série, apparait lors des derniers plans, jurant de se venger et dessiné à la façon des célèbres démons de Go Nagai... Si les chefs de Véga sont bien morts, on se demande cependant ce qu'une suite pourrait raconter, vu que l'ancienne série a été totalement exploitée et relue ici... Il faudrait sans doute compter sur des histoires originales, pourquoi pas avec le Dr Hell et son armée, qui est lui aussi évoqué (on voit même un de ses robots dans le premier épisode)...

Ce Goldorak U tient ses promesses de spectacle et d'originalité. Le lien avec Mazinger est beaucoup plus clair et les valeurs de fraternité et d'amitié qui étaient au centre des liens entre Actarus et ses amis terriens sont ici respectées. Seule sans doute la musique et son générique, ne valent en rien l'inoubliable partition de Kikuchi, qui habillait divinement l'ancienne série. Avec ce Goldorak U, une nouvelle génération un peu hermétique aux anciens designs va découvrir ce classique et peut-être, avoir davantage envie de revoir la série culte. Même si, dès l'annonce de sa mise en chantier, la série fut décriée par les fans de la première heure, hurlant par principe sans avoir rien vu bouger à l'écran, elle restera quoiqu'il en soit historique comme étant la première réelle oeuvre animée centrée sur Grendizer depuis le dessin animé majeur que nous avons tous savouré étant enfant...